J1:
C’est le weekend, je pars à Nong Khiaw dans le nord du pays pour trois jours. C’est à 3h de Luang Prabang. L’endroit est super joli, les montagnes sont vertes et hautes, la rivière Nam Ou traverse le village, l’ambiance y est très agréable. C’est un de ces villages où le temps prend son temps, comme on trouve partout au Laos.
En y arrivant, j’y rencontre notamment Ula, une Slovène avec qui je sympathise beaucoup (petit quizz perso pour toi : devine où se trouve la Slovénie ?) et Kazu un Japonais qui se prétend maitre de la méditation et du shiatsu, et qui veut nous enseigner ses techniques… Pourquoi pas.
Nous venons tous visiter Nong Khiaw, Muang Noï, un autre village que nous rejoindrons plus tard en bateau, et les petits villages de différentes ethnies qui se trouvent alentour.

Dès l'arrivée, je suis heureuse d’apprendre qu’il y a une montagne à grimper. Enfin un peu d’exercice ! La balade est très belle dans la forêt, les bananiers, les arbres tordus (mes préférés), les bouts de sentiers escarpés… ça grimpe ! Et l’effort (intense) est plus que récompensé : en haut une vue à 360° sur les trois vallées et le coucher de soleil ! Magnifique !
Ula m’y retrouve un peu plus tard, et nous profitons du spectacle. Nous redescendons ensemble dans la nuit tombante et… sous un orage fracassant !

Après un bon repas, nous prenons un bungalow à trois, Ula, Kazu et moi. Bon je t’ai toujours raconté les histoires qui font rêver, c’est le moment de te raconter que parfois, et heureusement c’est très rare, les rencontres peuvent être décevantes. En effet, très vite avec Ula, nous nous rendons compte que quelque chose cloche avec ce japonais, il est bizarre. Il semble vouloir avoir le contrôle sur nous et devient nerveux quand nous parlons avec d’autres gens. Il se dit atteindre le nirvana avec sa méditation, mais il s’agace quand il y a trop de bruits… Il insiste lourdement pour que nous essayions le shiatsu peu conventionnel qu’il exerce… Il ne prend jamais un repas avec nous mais nous indique pourtant où dormir, où manger, de façon un peu trop directive pour nous, sous prétexte qu’il nous amène chez des amis...
Nous comprenons petit à petit que cet homme est un imposteur, et un squatteur, plus ou moins bien accueilli partout où il passe.


J2:
Si bien que le lendemain, Ula et moi décidons de faire une randonnée à travers deux villages typiques. Il veut venir avec nous… merde ! Nous accélérons le rythme pour tenter de le décourager, et cela semble fonctionner : au premier village, Ban Na, il dit qu’il passera la nuit là. Il est 17H, nous échangeons un regard avec Ula : pas envie de passer 5H à rien faire avec Kazu et ses bizareries, nous sommes bien d’accord ! Il fait jour et nous aimons marcher, et Ahmed, un français, nous conseille justement une route : nous continuons vers le deuxième village !

Et nous faisons bien : nous sommes enchantées par la vue ! Ahmed n'a pas menti ! Nous traversons des rizières, passons entre les montagnes, la lumière du soleil couchant rend le paysage d’autant plus joli. Le décor est tellement beau que nous nous mettons à rêver de dormir dehors…. Et pourquoi pas d’ailleurs ? Kazu nous gonfle avec sa méditation à nous demander tous les quarts d’heure « are you happy ? » à respirer par le nez et souffler par la bouche avec ses mains jointes : c’est une bonne excuse de plus pour dormir à la belle étoile, loin de lui.
Nous nous organisons : visite du village, repas chez l’habitant qui nous sert du lao lao whiskey local pas bon en nous racontant sa vie, douche esquivée (pour notre plus grand regret après une journée de marche en plein soleil). Nous avons repéré un abri sur la route : une construction en bambou, surélevée avec un toit (percé) au cas où il fasse orage : nous décidons d’en faire notre camp de base.

J3:
Nous avons passé notre nuit d’aventurières en discutant avec une bière lao, en rigolant, en flippant comme des mauviettes à chaque bruit de pas ou d’animal inconnu, en regardant les étoiles puis la lune super brillante, en ayant froid, en ayant mal au dos sur le sol en bambou.
Vers 5H30, je suis heureuse d’entendre le réveil ! Nous devons vite retourner au village de Kazu et Ahmed, à une heure d’ici, pour retourner ensuite à Muang Noi, à deux heures de marche, où se trouve le bateau qui part à 9H.
Trop heureuses d’avoir vécu une nuit hors des sentiers battus, nous sommes devenues de vraies copines d'aventure !! Cette expérience m’a non seulement rappelé les nuits de camping dans le jardin quand j’étais petite, mais elle m’a aussi donné l'envie de laisser plus de place à l'improvisation !

En arrivant à Muang Noï nous découvrons un buffet ptit dej à volonté avec tout ce dont on peut rêver : crêpes, fruits exotiques, gâteaux au chocolat, tortillas, omelettes à tous les goûts, muesli, pancakes, macarons… A s’en faire vomir d’excès !! (Kazu ne le paye pas mais ne se gêne pas pour nous demander de prendre ceci ou cela pour lui !)

Il est temps ensuite de prendre le bateau de retour puis le minivan jusqu'à Luang Prabang !